Le « Plan administratif de la ville et banlieue de La Rochelle », dressé en 1865 par Th.Roux (et disponible sur le site de la Bibliothèque Nationale de France : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53030146v), offre un détail remarquable sur les premières plages de La Rochelle.
On peut y voir, hors des remparts, trois mentions de bains : au centre, les bains Marie-Thérèse (les premiers, fondés en 1827, par la constitution de la société anonyme des bains de mer, composée de 97 actionnaires), à gauche, les bains Richelieu, anciennement bains Jaguenaud, fondés en 1847, et à droite, les bains publics. Un chemin, passant par la porte des deux moulins permet de franchir l’enceinte, qui enserre encore la ville, et de rejoindre le Mail, également aménagé pour offrir un espace de promenade élégant aux abords de la ville.
L’ensemble, pensé entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, impose un système de balnéarisation à trois niveaux : le chemin et le Mail ; les plages et l’aménagement des bains; et entre les deux, le jardin à l’anglaise. A noter que cette première « balnéarisation » s’est donc faite hors de la ville emmurée.
Lorsque cette carte est dessinée, il est encore trop tôt pour signaler, à proximité du Mail, les Bains Louise, qui ouvriront leurs portes aux femmes de la classe ouvrière en 1870. En revanche, un établissement plus modeste, les Bains Guillemet, existait déjà depuis 1860, en pleine ville, rue Fleuriau.
Ci-dessous, quelques illustrations des bains et de la promenade du Mail :


Il reste aujourd’hui encore quelques vestiges que l’on peut voir à marée basse :

Les bains Marie-Thérèse ont également été lithographiés par Adolphe d’Hastrel – qui (pour l’anecdote)a voyagé au Brésil et réalisé de belles gravures de la ville de Rio de Janeiro.

Et voici ce qu’il en reste aujourd’hui :

Aux abords des bains de mer, un parc à l’anglaise, avec un kiosque à musique (à la mode chinoise) et le pavillon Fleuriau (du nom de Fleuriau de Bellevue, l’un des actionnaires de la société anonyme, qui l’avait fait construire à ses frais pour agrémenter les promenades des curistes dans le parc, et dont la fortune vient des plantations de sucre de Saint-Domingue, et de la main d’œuvre esclave).

Oeuvre de Auguste Alexandre Abel de PUJOL (fils), 1851 © http://www.revue-arcades.fr/vue-de-rochelle-bains-marie-therese/
Les Bains Richelieu ont disparu en 1897. Les bains Marie-Thérèse sont rachetés par la ville en 1902 qui y apporte diverses améliorations comme la construction d’une salle de spectacle. Entre-temps, l’usage du bain de mer s’est modifié et le plaisir de la baignade popularisé. Pour y faire face, La Rochelle n’a qu’une plage très modeste dite de La Concurrence en référence aux Bains Marie-Thérèse. En 1907, la ville y entreprend des travaux conséquents. Elle agrandit la plage, installe des cabines neuves et fait construire un café, la Pergola. Une vaste jetée promenade s’ouvre désormais jusqu’au casino du Mail (http://www.lagenette.org/la-genette-racontee/206-les-bains-marie-therese).
Au début du XXe siècle, les activités de plage ont pris une telle ampleur qu’il a fallu réglementer les usages, à l’exemple de cet arrêté de 1934 :
Peut-être était-ce une réaction à l’apparition de véritables naïades, comme en témoigne cette carte postale des années 1920 (toutefois, si l’on fait une rapide recherche à partir de l’image, on se rend compte que plusieurs villes ont utilisé cette photo d’une baigneuse aux formes généreuses – Calais…).